FÊTE DE LA PENTECÔTE:
FÊTE DE LA PENTECÔTE
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Sermon
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Renouvellement.
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La Pentecôte, la grande fête du Saint-Esprit, est destinée, dans la pensée de l’Église, à raviver notre amour pour cette troisième Personne de la Sainte Trinité, qu’elle nomme dans sa prière « l’hôte très doux de notre âme. »
Il est clair que cette dévotion au Saint-Esprit nous est plus malaisée que la dévotion à Notre-Seigneur. Car bien que nous n’ayons pas vécu avec lui, le Christ nous est familier : nous savons par la foi qu’il est un homme authentiquement comme nous, notre frère en humanité, avec des idées, des sentiments, un cœur comme les nôtres ; il a vécu une vie terrestre ; à travers les pages de l’Évangile, nous pouvons comme entendre le son de sa voix, apercevoir encore ses gestes : il a pour nous un visage. Tandis que la Personne si mystérieuse du Saint-Esprit n’a pas pour nous de visage.
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Mais si le Saint-Esprit n’a pas de physionomie humaine, nous pouvons toutefois le connaître en nous rappelant ce qu’il a réalisé dans les apôtres à partir de la Pentecôte, en devinant ainsi ce qu’il réalise dans nos vies. Et, dès lors, nous pouvons l’aimer.
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Dans cette action merveilleuse, je voudrais relever un trait, un aspect qui est pour nous spécialement bienfaisant : Il est l’esprit de nouveauté et de renouvellement, celui qui dans les âmes crée ou recrée la jeunesse, celui qui triomphe de cette usure impitoyable que la vie même apporte avec elle.
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Et c’est bien ainsi que nous apparaît son action dans les cœurs des disciples du Christ. Pour ces apôtres qui avaient été des élèves assez médiocres à l’école du Maître incomparable, la Pentecôte a été la grande illumination de l’intelligence ; pour ces cœurs assez faibles, tels que les avait révélés la Passion, la Pentecôte a été la grande flamme de la charité et du courage. Mais il faut bien le comprendre, cette corruption de l’esprit ne fut pas un épisode sans lendemain, un éclair suivi d’une nuit plus obscure, un élan bien vite retombé. Non, ce fut un commencement et un point de départ. Car, jour après jour, sous l’influence de l’Esprit, ils s’assimilaient plus profondément la doctrine du Maître, une lumière plus amicale leur faisait sans cesse réaliser des découvertes toutes neuves dans la vérité inépuisable. Et aussi, jour après jour, en dépit des lois de la psychologie humaine selon lesquelles leur amour pour Jésus aurait dû baisser à mesure que la vie semblait l’éloigner d’eux, cet amour devenait, dans leurs cœurs, plus sérieux et plus fort, ils se donnaient à la cause du Christ avec plus de dévouement.
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Il n’y a qu’un Saint-Esprit. C’est le même Esprit qui est descendu sur les apôtres, au Cénacle et que nous avons reçu dès le Baptême, le même qui habite en nous avec le Père et le Fils. Et son action dans nos cœurs est la même que dans les cœurs des apôtres.
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Et comme cette action est précieuse et indispensable ! Car ce qui nous menace, ce qui constitue peut-être le danger mortel pour notre vie chrétienne, c’est la routine, l’usure et le vieillissement.
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La vieillesse ce n’est pas le nombre impressionnant des années déjà vécues, ni les cheveux blancs, ni le durcissement des artères, ce ne sont pas les rides sur le visage qu’on accepte sans trop de larmes si l’on est raisonnable. La vieillesse réelle et inquiétante, ce sont les rides sur l’âme, c’est-à-dire l’indifférence un peu dégoûtée qui ne s’intéresse plus à rien, le reniement plus ou moins avoué de l’idéal, le manque de courage, la baisse de la flamme.
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Or, ce vieillissement s’attaque à la religion même. Les vérités de la foi, qui devraient provoquer en nous un étonnement et aussi une joie toujours nouvelle, par exemple l’assurance que Dieu nous aime et habite en nous, que le Christ nous a sauvés, que nous le recevons, Dieu et homme, dans la communion, ces vérités risquent de devenir pour nous des mots sans âme que nous manions sans algèbre. Notre amour pour Dieu, qui devrait être une donation de tout nous-mêmes, risque de n’être plus que des phrases sur nos lèvres. Notre pratique religieuse, qui n’a de valeur que comme l’expression profonde de cet amour, dégénère en une routine. Notre vie qui devrait être, à toutes les heures, une nouveauté et un progrès, devient une immobilité lamentable, à moins qu’elle ne soit un recul et une dégringolade. Car le temps qui s’écoule est par lui-même une sévère épreuve pour les velléitaires que nous sommes ; nous ne savons guère tenir bon ; et la persévérance exige un effort qui nous semble de l’héroïsme et dont nous n’avons pas le courage. Ainsi selon la comparaison bien connue et très expressive, notre vie n’est plus semblable à cette pousse verte du végétal, qui a l’air si frêle, mais qui bourgeonne, conquiert et progresse. Tout en nous devient du bois mort, un ensemble d’habitudes, quelque chose qui paraît vivre, mais qui déjà n’est plus vivant.
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On l’a dit avec raison, « nous sommes aussi jeunes que notre foi, aussi vieux que notre doute, aussi jeunes que notre confiance et notre espoir, aussi vieux que notre abattement. »
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Voilà qui doit nous faire comprendre davantage l’action bienfaisante et nécessaire du Saint-Esprit dans nos âmes. Pour nous parler de lui, l’Écriture ne peut servir que de comparaisons. Mais comme elles sont évocatrices, comme elles sont riches de promesses ! Il est le vent impétueux qui doit secouer nos indolences. Il est l’eau jaillissante qui fertilise notre terre et l’empêche de devenir un désert crevassé. Il est la flamme incendiaire qui doit brûler nos tiédeurs.
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Demandons à l’Esprit-Saint, qui est l’Esprit de nouveauté, de nous renouveler. Qu’il nous révèle toujours mieux le Christ Notre-Seigneur, qu’il nous inspire pour lui un amour toujours plus fort, qu’il rende notre vie chrétienne toujours plus vivante, qu’il fasse de chacune de nos journées un progrès qui nous rapproche de Dieu !