FÊTE DE LA TOUSSAINT
Textes du jour ici:
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http://www.introibo.fr/01-11-Fete-de-Tous-les-Saints
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SERMON DE LA TOUSSAINT :
CŒURS UNIS.
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La fête de la Toussaint remet dans nos esprits et dans nos cœurs cette vérité grandiose et, pour nous, combien émouvante, qui s’appelle, dans notre Credo, la Communion des Saints. Aujourd’hui, c’est la fête de l’union par excellence, de l’union cachée mais réelle et profonde entre tous ceux qui vivent dans le Christ.
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Dire : « Je crois à la Communion des Saints », c’est affirmer : « Je crois que tous les hommes, quelle que soit leur race, leur situation géographique, leur condition sociale, je crois que tous les êtres humains, quelle que soit la date de leur existence dans l’histoire, même ceux qui appartiennent maintenant à l’autre monde, s’ils sont unis dans le Christ, forment une seule humanité fraternelle. »
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Quel bienfait nous apporte cette vérité ! Alors que, dans sa vie individuelle, l’homme paraît condamné à la solitude et à la séparation, alors que la destinée humaine vérifie mélancoliquement les phrases de Pascal : « L’homme vit et meurt seul », et encore : « La plus grande misère de l’homme est de pouvoir si peu pour ceux qu’il aime » ; alors que l’union est si difficile au plan humain et que, même après les années tragiques de la guerre, les hommes et les peuples n’ont retrouvé qu’une paix fragile et sont encore victimes de tant de séparations, cloisonnés par tant de murailles infranchissables ; alors surtout que l’humanité n’a pu découvrir, ni dans les philosophies non chrétiennes et modernes, ni dans la science, de remède contre la séparation de la mort, voici que le dogme de la Communion des Saints vient proclamer audacieusement : « La solitude n’existe pas. La séparation, qui se définit par l’oubli et par l’impuissance, n’existe pas. Le chacun pour soi égoïste et meurtrier n’existe pas, pour ceux du moins qui appartiennent à Notre Seigneur Jésus-Christ. En Lui les êtres humains communiquent mystérieusement ; ils forment un seul organisme ; ils sont comme les membres d’un seul corps, entre lesquels s’opèrent incessamment des échanges de vie. Les âmes ne sont pas isolées ; elles peuvent, dans une immense société de secours mutuels, s’aider les unes les autres par la prière, par le sacrifice, par les mérites qu’elles se communiquent fraternellement.
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Vérité merveilleuse ! Voici un pécheur, prisonnier d’un lourd passé, dont il n’a pas le courage de se libérer par cette confession qui lui semble trop coûteuse ; mais là-bas, au fond d’un village, une petite fille dit son chapelet ; et il obtient son pardon, grâce à cette prière qui vient au secours de sa volonté défaillante. Voici un jeune homme violemment tenté, en passe de perdre la foi ou la pureté et de gâcher sa jeunesse ; mais cette même nuit, une carmélite veille et supplie pour les âmes en danger ; et il échappe au mal. Voici un malheureux, dévasté par l’épreuve, ravagé par des deuils successifs, au bord du blasphème et du désespoir ; mais très loin, à la grotte de Nsimalen ou dans la forêt de Nguila, un tuberculeux inguérissable offre sa souffrance monotone ; et ce cœur désespéré retrouve une paix et une espérance. Qui de nous pourrait dénombrer tous les bienfaiteurs anonymes auxquels il doit ses relèvements, sa persévérance dans le bien, son courage dans l’épreuve, la fécondité de son action ? Ah ! et ces insensés qui disent : « Je suis ce que je suis pas moi-même ; je ne dois rien à personne ! » Oh ! que si ! Nous devons tout à tous, sinon à beaucoup. On l’a dit justement : « Les plus belles pages de notre vie sont écrites par les mérites des autres. »
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Et non seulement tous les cœurs ici-bas peuvent communiquer par cet échange de bienfaits qui est l’amour véritable ; mais la Communion des Saints dépasse la terre et arrive à forcer les portes qui semblaient infranchissables, les portes de l’au-delà. En ce mois de Novembre endeuillé qui nous rappelle nos chers disparus, le dogme de la Communion des Saints jette un défi à la grande ravageuse, à la grande diviseuse ; et l’Eglise ose bien dire : la mort n’existe pas. O mort, où est ta victoire ? Car elle nous affirme que terre, ciel, purgatoire ne sont pas des mondes séparés, ni même des pays limitrophes aux frontières barricadées et aux douanes méticuleuses. Le ciel est ouvert et tout proche ; les saints se penchent amicalement vers nous, tandis que nous sympathisons avec leur bonheur ; ils nous aident de leurs prières, selon le mot charmant de la petite Thérèse de lisieux : « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. » et le purgatoire aussi est à notre portée : ceux qui nous aimaient ici-bas nous aiment toujours et, désormais, avec une charité brûlante ; et en échange de la protection qu’ils nous accordent, nous avons le pouvoir de les libérer, de hâter leur bonheur ; nous pouvons aussi les remercier de leur dévouement et nous faire pardonner peut-être ces froideurs et ces manques de tendresse dont ils ont souffert alors qu’ils vivaient près de nous.
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Laissons-nous pénétrer par ces vérités consolantes. Cherchons en elles un réconfort et surtout un stimulant à notre générosité. Puisque nous sommes bénéficiaires de cette union, de cette communion avec tous les chrétiens d’ici-bas, avec tous les Saints de là-haut, ne soyons pas des profiteurs égoïstes. A nous de contribuer au trésor commun. Donner, servir, communiquer, telles doivent être les consignes de notre programme. Resserrons nos liens avec toute l’humanité dans le Christ. En ce mois de novembre, prions pour nos disparus. Pour les vivants d’ici-bas, offrons généreusement nos sacrifices, afin qu’ils aillent aux quatre coins du monde soulager les détresses humaines. Et puis, dans le milieu immédiat qui nous entoure et qui nous est confié par Dieu, faisons rayonner la charité du Christ, soyons les traits d’union, des porteurs de fardeaux, des bons Samaritains pour tant de blessés sur nos routes, soyons des pacificateurs ; travaillons à établir l’unanimité entre les hommes. Essayons, pour notre part, de rendre plus réelle encore la Communion des Saints.
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Bonne fête de la Toussaint à tous !
En Jésus et Marie !