INSTITUT NOTRE DAME DE LUMIERES ET DE L'AMOUR DIVIN- INDLAD-

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XXVème dimanche après la Pentecôte

(6ème après l'Epiphanie)

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Textes du jour ici:

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http://www.introibo.fr/Du-23eme-au-dernier-dimanche-apres

 http://www.introibo.fr/6eme-Dimanche-restant-apres-l

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Sermon:

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FORCE ET FAIBLESSE DE LA GRÂCE

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Les deux paraboles de la petite graine insignifiante qui devient un grand arbre, du ferment qui peu à peu soulève toute la pâte visent à nous inspirer une confiance résolue en l’efficacité de la grâce. Le cultivateur qui a semé la graine connaît assez la force d’expansion irrésistible de la vie végétale pour ne point douter du résultat : il imagine déjà le tronc robuste et déjà il voit les branches se détachant dans le ciel. De même le boulanger sait très bien que ce ferment qui disparaît dans la farine arrivera à soulever la masse interne pour qu’on en fasse le pain des hommes. Ainsi, nous dit le Maître, pas d’inquiétude ! La grâce viendra à bout de toutes les résistances ; il y faut du temps, mais laissez faire ; la grâce, c’est Dieu lui-même qui agit : soyez assuré du résultat.

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Mais voici que l’expérience semble démentir ce bel optimisme. Il y a des siècles que la graine est semée dans le monde et l’arbre n’est pas tellement triomphal ; il y a  des siècles que le ferment chrétien travaille la pâte humaine et la lourde masse paraît bien réfractaire. On peut aisément faire des tirades éloquentes – et qui ne sont pas mensongères – sur l’expansion du christianisme malgré les persécutions et tant d’autres dangers mortels, sur sa vigueur et son efficacité pour dégrossir et transformer le genre humain. Mais on pourrait tout aussi bien évoquer le paganisme innombrable, encore inentamé après vingt et un siècles, on pourrait énumérer les graves échecs subis par l’Eglise. On pourrait remarquer ce que les grandes crises et par exemple la guerre nous ont révélé douloureusement, avec quelle facilité les peuples dits civilisés redeviennent des barbares, contemporains de l’homme des cavernes. Péguy déclarait : « Le progrès n’existe pas, mais il y a la grâce. » Après nos expériences ne serions-nous pas tentés de dire : « La civilisation ne civilise guère, mais le Christianisme lui-même christianise bien peu » ?

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Il est vrai que nous manquions de beaucoup d’éléments d’appréciation et de l’envergure nécessaire pour porter un jugement équitable sur la valeur de l’humanité aux différents stades de son histoire. Mais quand il s’agit de ce qui est vraiment dans notre angle de vision, de ceux qui nous entourent et de nous-mêmes surtout, ne sommes-nous pas conduits à la même conclusion désabusée ?

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Peut-on dire, par exemple, que les hommes qui sont des catholiques pratiquants diffèrent notablement des hommes d’affaires non-chrétiens dans leurs opérations, dans leurs spéculations, dans leur manière d’apprécier l’argent ? Peut-on dire les familles catholiques, dans leur façon de comprendre et de vivre le mariage, proclament et affirment les lois de Dieu enseignées pas l’Eglise et sont pour les autres foyers un exemple entraînant de haute moralité ? Les chrétiens se distinguent-ils à l’évidence des païens dans le choix de leurs distractions, les livrent qu’ils lisent, les spectacles qu’ils fréquentent, l’organisation de leurs loisirs ? Les catholiques sont-ils soulevés de révolte en présence des injustices sociales et du désordre établi ou au contraire s’en accommodent-ils avec bienveillance quand ils y trouvent leur avantage personnel ? Pratiquons-nous cette charité qui est le commandement nouveau, le commandement du Seigneur, ou bien nous bornons-nous à aimer ceux qui nous aiment et peuvent nous rendre service, à repousser ceux qui nous sont antipathiques et à nous désintéresser éperdument de la grande masse des indifférents – toutes attitudes qui sont précisément celles des païens ? Bref, nous ne sommes pas obligés de constater que nous sommes pareils aux autres, ni meilleurs, ni pires ; Dès lors ne serions-nous pas tout près de conclure que la grâce est bien peu efficace, que la graine germe assez chétivement, que le ferment manque de vigueur ?

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Mais d’abord il faut nous rendre compte de la pensée exacte du Maître à travers ces paraboles. Quand il nous dit : « La grâce est active, comptez sur elle », il ne nous dit pas : « Laissez-vous vivre, restez à votre nonchalance. » « Car l’âme humaine n’est pas une terre inerte et passive ; et le progrès moral n’est pas une opération de chimie organique avec des réactions immanquables. Dieu nous demande une coopération active. La noblesse de la grâce est de n’être pas une violence et une dictature : ses victoires sont donc des victoires réelles mais l’échec est toujours possible. L’échec ou le demi-succès s’expliquent par notre volonté. Le ferment divin est capable de soulever la pâte : encore faut-il qu’il y soit mêlé. Que de fois nous le laissons soigneusement à côté de la pâte !

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Un catéchisme élémentaire nous enseigne que la grâce est accordée à la prière qui la demande et qu’elle est donnée dans les sacrements qui en sont la source jaillissante. Mais que de chrétiens ne prient pour ainsi dire jamais, que de chrétiens, en fait de sacrements, ont le principe du moins possible ! Que de chrétiens aussi établissent  des cloisonnements entre leur vie religieuse et leur vie humaine et pourraient reprendre à leur compte la phrase de cet avocat décrivant la disposition de son appartement et peut-être l’organisation de sa vie : « Ici, mon cabinet de travail ; là, mon oratoire ; et, entre les deux, pas de communication. » La grâce agit faiblement parce que nous la laissons à côté de la vie réelle ; et dès lors nous végétons. La première chose à obtenir de nous est donc un désir loyal de mieux faire, c’est-à-dire d’enlever des barrières et autres « rideaux » qui empêchent Dieu de pénétrer dans nos vies.

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Un penseur Chrétien, méditant sur le monde actuel, qui souvent repousse l’Evangile, quitte à le déclarer inefficace et périmé, disait : « l’évangile n’est pas dépassé ; l’évangile est en avant de nous. » Et un croyant, qui fut chrétien à ses heures, avouait : « L’évangile nous attend encore. » Essayons  pour notre part de rejoindre l’Evangile ; ne faisons pas attendre le Christ et sa grâce. Nous expérimentons alors sa puissance. Et dans la mesure où nous serons plus chrétiens, nous aurons fait quelque chose pour que le monde devienne meilleur, pour que la masse soit soulevée, pour que le grand arbre pousse des branches plus vigoureuses.

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Bon Dimanche à tous !

Tout à Jésus par Marie !

 

 

 

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Que le Seigneur, Dieu Tout-Puissant, vous bénisse, vous garde et vous protège!

+ au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il !

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