Quatrième Dimanche du temps de l'Avent
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Sermon
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NOËL AUJOURD'HUI
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A la fin des semaines de l’Avent, l’Église, dans la liturgie, semble compter impatiemment les jours qui nous séparent de Noël : « N’ayez pas peur, dans quatre jours le Seigneur viendra. » Et un peu plus tard : « voici que se réalise l’annonce faite à Marie. » Et la veille de Noël : « Aujourd’hui, le Seigneur va venir, demain vous verrez sa gloire. » L’Église voudrait que nous soyons comme suspendus dans l’attente du grand événement. Mais de quel événement au juste s’agit-il? Et lorsqu’on nous dit : « Noël va recommencer pour vous », quelle est la portée de cette phrase ? Et y a-t-il là autre chose qu’une phrase ?
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Car il apparaît bien que Noël ne peut pas recommencer, il appartient au passé irrémédiablement. Noël a eu lieu une fois à Bethléem, en Palestine, il y a plus de 2.000 ans ; le grand événement a eu comme témoins les bergers et les Mages, ces gens qui avaient la chance inestimable de vivre à cette heure de l’histoire. Et puisque l’histoire ne peut pas recommencer, dans sa marche irréversible, puisqu’on n’a pas inventé de machine qui nous permette de remonter le cours des siècles, il semble bien qu’on ne puisse célébrer qu’un anniversaire, un centenaire de Noël, comme nous le faisons pour les autres événements historiques : la prise de la Bastille ou de la libération de Paris, la date d’indépendance d’un tel pays, de la réunification de tel ancien état fédéral…Etc. Les crèches les plus belles, qui feront la joie des petits et qui nous rendent à tous des âmes d’enfant, n’y peuvent rien. Faut-il dire alors que cette fête de Noël n’est qu’une mise en scène ? Et nous demande t-on cette attitude un peu artificielle qui consiste à nous échauffer l’imagination, à faire « comme si » nous avions été nous-mêmes présents là-bas, à nous suggestionner en nous disant : « Noël va recommencer » ?
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Eh bien ! Non ! La vraie piété ne doit jamais reposer sur l’illusion. La religion Chrétienne n’est pas un effort laborieux pour reconstituer un passé mort ; les fêtes liturgiques ne sont pas des mises en scène ni de simples souvenirs. Il est très vrai, en un sens profond, que Noël va recommencer. Car l’histoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement une suite de faits et d’épisodes qui ont passé, mais un mystère de salut qui ne passe pas.
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Parlant plusieurs centaines d’années après les événements de Bethléem, saint Léon déclarait aux fidèles de Rome : « Ce n’est pas parce que ce jour est éloigné dans le temps que la vertu du mystère est passée, comme si ne nous était parvenue que la nouvelle de l’événement à recevoir par la foi, à célébrer par le souvenir. Le don de Dieu se prolonge ; et c’est pourquoi à notre époque, aujourd’hui encore, nous expérimentons ces merveilles qui furent jadis inaugurés. »
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Sans doute, Jésus, qui est un homme véritable, a été l’homme d’un siècle, que nous pouvons dater au calendrier de l’histoire, l’homme d’un pays, que nous pouvons déterminer sur la carte du monde ; il a été ce Jésus de Nazareth, qui est né au temps d’Hérode et qui est mort sous Ponce Pilate. Mais parce qu’il est le Dieu fait homme, il reste, comme Dieu, Celui qui domine l’univers et l’histoire. Parce qu’il est le chef de l’humanité, il est Celui qui porte mystérieusement en lui-même cette humanité. Parce qu’il est le Sauveur du monde entier, il est Celui qui est proche de tous les hommes, aussi proche des hommes d’aujourd’hui que des hommes du 1er siècle, aussi proche des habitants de l’Alaska et de l’Afrique du Sud que de ses compatriotes Palestiniens. Car s’il s’est fait l’un d’entre nous, s’il est venu ici bas, ce n’était pas seulement pour rencontrer, au hasard des chemins, quelques Juifs de Galilée ou de Judée ; c’était bien, finalement, pour rencontrer tous les hommes, pour s’unir à toutes les âmes.
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Dans la Crèche de Bethléem, lui, le Sauveur universel, pensait à l’humanité entière ; il nous aimait tous ; il priait pour nous tous ; il souffrait pour nous tous ; il nous méritait alors les grâces dont nous aurions besoin dans notre vie d’aujourd’hui ; de sorte que chacun de nous peut et doit répéter la parole de saint Paul : « Il m’a aimé, moi, et il s’est livré pour moi. » Bethléem était pour moi, comme plus tard Nazareth sera pour moi et la Croix du Calvaire pour moi. J’étais présent là bas, parce que j’étais présent à son cœur ; et il dépend de mon cœur de le rejoindre aujourd’hui.
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Car c’est bien la seule rencontre véritable, celle qui s’opère non pas dans un contact matériel, mais dans un cœur à cœur. La rencontre avec le Sauveur ne se fait que par la grâce qu’il nous apporte et la bonne volonté que nous lui offrons. Combien de gens l’ont vu, entendu et touché à Bethléem, à Nazareth, dans le Temple ou sur la voie douloureuse et qui en réalité ne l’ont pas rencontré, qui réellement étaient plus loin de lui que nous ne le sommes du pôle nord ou des antipodes ! C’est que leur cœur et leur bonne volonté n’y étaient pas.
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En revanche, si éloignés que nous paraissions être de lui par les siècles révolus, nous pouvons le rencontrer dans cette fête de Noël. A la vérité, c’est tous les jours et à chaque instant qu’il vient à nous ; mais il y a cependant des heures privilégiées ; car, à l’occasion des grandes fêtes et spécialement de cette fête tournante de Noël, l’effort de prière que nous faisons plus intense, la confession par laquelle nous nous purifions, la communion plus attentive et plus fervente nous apportent des grâces précieuses et peuvent être une rencontre décisive avec le Sauveur.
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En ce moment, préparons-nous à le recevoir.
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O Sauveur, nous vous désirons et nous appelons par nos misères mêmes et notre besoin de salut cruellement ressenti. Notre foi est obscure et trop faible : venez, ô Lumière ! Nous sommes impurs et dégradés : venez, ô Pureté ! Nous sommes égoïstes et durs : venez, ô Amour infini !
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Ouvrons nos cœurs pour l’accueillir d’un grand accueil. Alors cette fête de Noël ne sera pour nous une occasion de distractions et de joie superficielle ; elle ne sera pas seulement une touchante fête familiale ; elle sera la fête de nos âmes, la fête qui resserrera notre amitié avec Dieu.
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Bon dimanche à tous, dans l’attente du Sauveur qui vient !
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